9 millions d’euros pour Arpege, le projet porté par Antabio

Un programme multidisciplinaire pour s’attaquer à une priorité de santé mondiale. La biotech toulousaine Antabio, associée à BioMérieux, aux Hospices Civils de Lyon et à TSE, lance le projet Arpege, doté de 9 millions d’euros du PIA, pour combattre l’antibiorésistance.

La biotech toulousaine Antabio a fait de la lutte contre l’antibiorésistance son cœur de métier depuis 2009. Une cause décrétée urgence mondiale par l’OMS tant la résistance de certaines bactéries aux antibiotiques se traduit déjà par 700.000 morts par an dans le monde. C’est dans ce contexte que le consortium Arpege, porté par Antabio, vient de recevoir un financement public de 9 millions d’euros sur quatre ans au titre du Programme d’investissements d’avenir (PIA) sur un budget total mobilisé de 17 millions d’euros.

Une réponse multidisciplinaire au problème de l’antibiorésistance

« L’originalité du projet Arpege est sa recherche d’une solution multidisciplinaire au problème de l’antibiorésistance. Y sont associés quatre partenaires qui couvrent des volets complémentaires : Antabio pour le développement d’un candidat médicament, l’entreprise BioMérieux pour le diagnostic logiciel du profil de résistance du pathogène considéré, les Hospices Civils de Lyon pour analyser et casser les chaînes de transmission bactérienne à l’hôpital et enfin TSE (Toulouse School of Economics), qui doit développer de nouveaux modèles économiques de mise sur le marché de nouveaux produits contre l’antibiorésistance », explique Marc Lemonnier, président fondateur d’Antabio.

La mission particulière de TSE sera de décorréler les revenus de ces innovations des volumes de vente car l’utilisation de ces médicaments innovants sera restreinte au strict nécessaire pour éviter de développer de nouvelles résistances. « Le marché n’est donc pas assez large pour assurer leur rentabilité. D’où la nécessité de réfléchir à un nouveau modèle économique. Certains pays européens utilisent déjà un principe de souscription ou de somme forfaitaire qui revient au développeur du nouvel antibiotique », détaille Marc Lemonnier.

Premiers résultats à la fin de 2023

Le programme Arpege couvre également les essais de phase 1 (tolérance chez l’homme) de la molécule d’Antabio [1], visant à traiter des infections pulmonaires par des pathogènes multirésistants, notamment les Acinetobacter baumannii. « Près de 20 % des patients Covid hospitalisés sous assistance respiratoire développent par exemple des infections Acinetobacter, qui sont les plus mortelles », indique Marc Lemonnier. Ce développement, doté de 5,5 millions d’euros du PIA pour Antabio, affichera ses premiers résultats à la fin de 2023. La phase 2 (effet bénéfique ou non du médicament), qui n’est pas couverte par le consortium, devrait démarrer à la mi-2024.

Depuis sa création en 2009, la biotech de dix-sept salariés se finance exclusivement par levées de fonds successives, qui atteignent au total 47 millions d’euros. « Nous prévoyons d’amener les produits jusqu’à la preuve de concept chez l’homme issue de la phase 2. Notre objectif est ensuite de conclure des accords de licence avec de grands laboratoires pharmaceutiques », explique Marc Lemonnier. Pour poursuivre ses développements jusqu’à la fin de 2023, Antabio recherche en 2022 un financement complémentaire de 6 millions d’euros. La biotech travaille également sur deux autres candidats médicaments, l’un pour traiter des infections causées par certaines entérobactéries, l’autre contre la bactérie Pseudomonas aeruginosa, responsable d’infections aigües pulmonaires, parfois mortelles.

 

 par Isabelle Meijers

Sur la photo : Marc Lemonnier, PDG fondateur d’Antabio, a effectué sa dernière levée de fonds en 2017, pour un montant de 12,5 millions d’euros. Crédits : Hélène Ressayres – ToulÉco.

Antibiorésistance : la biotech Antabio prend la tête d’un consortium français avec 17 millions d’euros

Antibiorésistance : la biotech Antabio prend la tête d’un consortium français avec 17 millions d’euros
Félicitations à Antabio et à Marc Lemonnier pour ce magnifique consortium :
Avec trois partenaires dont bioMérieux, la biotech toulousaine Antabio vient de mettre sur pied un consortium totalement français pour lutter contre l’antibiorésistance. Dans ce projet à 17 millions d’euros, dont neuf de subventions publiques, l’objectif est de sortir trois nouveaux produits dont un candidat médicament à moyen terme.

Un vaccin 100% français administrable par voie nasale, contre la COVID-19 : résultats pré-cliniques positifs

 Depuis un an, l’équipe de recherche BioMAP de l’UMR INRAE-Université de Tours Infectiologie et Santé Publique s’est engagée dans la mise au point d’un vaccin nasal contre le virus SARS-CoV-2, 100% français, en pleine cohérence avec l’engagement dans la recherche partenariale promue par l’Institut Carnot France Futur Elevage dont INRAE et l’Université de Tours sont cotutelles.

Ces travaux, qui visent la conception d’un candidat vaccin à base de protéines virales administrable par voie nasale, s’accélèrent. En effet, les tests pré-cliniques menés en laboratoire démontrent l’efficacité du vaccin candidat après deux immunisations par voie nasale espacées de 3 semaines, tant en termes de réponse immunitaire que de neutralisation précoce du virus original et de ses variants, bloquant tout risque de contamination par un individu vacciné. Pour obtenir ces résultats, l’équipe s’est appuyée sur un consortium formé du groupe pharmaceutique Recipharm, du Bio3 institute Université de Tours – Groupe IMT et de la biotech Vaxinano, soutenue par un financement ANR, Région Centre-Val de Loire*, Université de Tours et INRAE.
Ces résultats très positifs permettront de démarrer dès l’automne 2021 la phase de développement et de production des lots de vaccins en vue d’un passage en phase clinique en 2022, pour une mise sur le marché en 2023.

Contrairement aux vaccins intra-musculaires, seuls les vaccins à administration par voie nasale seraient capables d’éviter la présence de virus dans le nez, stade initial de l’infection ; ils induisent en effet une immunité au niveau des muqueuses nasales, porte d’entrée et de lieu de multiplication du virus. Le candidat vaccin développé par l’équipe BioMAP serait le 8ème vaccin à administration nasale en préparation dans le monde, et le seul vaccin protéique français.

Une technologie de vaccin muqueux déjà éprouvée comme barrière contre la toxoplasmose

Ce candidat vaccin protéique anti-SARS-CoV-2 s’appuie sur l’expertise de l’équipe BioMap dans la conception de vaccins muqueux. En effet, en partenariat avec la Biotech Vaxinano, l’équipe a déjà réussi à développer un candidat vaccin efficace pour protéger les singes de la toxoplasmose. Ce vaccin nasal, stable, non toxique et sans adjuvant, est basé sur l’utilisation des protéines totales de l’agent infectieux produites au sein de l’équipe et encapsulées dans des nanoparticules à base d’amidon et de lipides (Technologie Vaxinano).

Le candidat vaccin nasal anti-SARS-CoV-2 repose sur le même procédé. Ainsi, la composante protéique vaccinale conçue et produite au sein de l’équipe a été encapsulée par la Biotech Vaxinano. Le vaccin, constitué de la protéine Spike et de protéines virales non soumises à mutation, permettrait d’être protecteur quelles que soient les mutations virales et la souche de coronavirus circulante.

Ce vaccin a été testé in vivo en essais pré-cliniques sur modèle murin. Deux administrations par voie nasale, espacées de trois semaines, induisent une forte réponse immunitaire humorale – notamment des Immunoglobulines A muqueuses, neutralisantes (IgA) et polyspécifiques, c’est-à-dire efficaces sur les différents variants de Sars-CoV-2 – et cellulaire, au niveau des cavités nasales et des poumons.

L’efficacité protectrice de ce vaccin a également été testée en termes de survie et d’absence de signes cliniques : après vaccination et infection, 100% des individus ont survécu, et aucun signe clinique (détresse respiratoire, perte de poids…) n’a été observé, à la différence du groupe non vacciné et infecté. De plus, le vaccin candidat a été testé en termes de contagiosité sur le modèle hamster syrien, qui restitue la physiopathologie humaine de la Covid-19, et les résultats sont sans appel : les animaux vaccinés et infectés ne montrent aucune charge virale pulmonaire et nasale détectable, à l’inverse des animaux infectés non vaccinés présentant de fortes quantités d’ARN viral dans les poumons et les cavités nasales. Ces résultats, très prédictifs de l’efficacité d’un vaccin sur l’humain, permettent de conclure à l’abrogation totale de la contagiosité entre individus.

Un vaccin simple à administrer, non invasif, en première dose ou pour un rappel

Techniquement, le vaccin sera administrable à l’aide d’un petit adaptateur placé au bout d’une seringue sans aiguille permettant une diffusion idéale au sein de la cavité nasale. Actuellement, un dispositif de spray adapté à ce vaccin et à l’humain est en cours d’évaluation en collaboration avec le groupe Recipharm/Resyca. Non invasif et nécessitant peu de logistique, ce système simple de vaccination permettrait de diffuser plus largement le dispositif vaccinal en Europe et au-delà.

Ce vaccin s’adresserait donc aux populations non vaccinées pour protéger contre les formes graves et modérées de la COVID-19 et servirait également de rappel vaccinal pour la population déjà vaccinée afin d’éviter la transmission de la maladie.

Un consortium recherche et développement 100% français

Fort de ces résultats, l’équipe de recherche s’appuiera pour le développement de son vaccin pour les futurs essais cliniques sur les compétences de compagnies installées sur le territoire national et d’ores et déjà identifiées :

  • la biotech Vaxinano, basée à Lille,
  • la CDMO, GTP Bioways, basée près de Toulouse,
  • la CRO C.RIS Pharma, basée à Saint Malo,
  • le façonnier Recipharm, basé à Monts près de Tours.

Le passage en phase clinique, soutenu par l’ANRS/ Maladies infectieuses émergentes, est programmé pour le second semestre 2022, pour une mise sur le marché du vaccin en 2023.

Rendu possible par le soutien financier de l’ANR et du Conseil régional Centre-Val de Loire ainsi que par l’engagement de l’ensemble des partenaires cités, ce projet implique encore des étapes à franchir avant la mise sur le marché de ce vaccin. Il apportera très probablement, une amélioration capitale dans la protection des populations, sur le plan de la prévention, de la contagiosité, de l’efficacité sur les variants actuels et à venir et de l’accroissement du pourcentage de personnes vaccinées et par là de la protection collective.

Source : inrae.fr, 09/09/2021