L’interview adhérent : Focus Toxi Plan

Toxi Plan® est une jeune entreprise de services spécialisée en affaires réglementaires, toxicologie, écotoxicologie, évaluation des risques/de la sécurité et vigilance de produits. Son Président, Grégory Voisin est bouillonnant de projets pour une écologie rentable.

Quel est votre parcours professionnel et qu’est-ce qui vous a motivé pour créer Toxi Plan® ?

J’ai toujours été attiré par l’entrepreneuriat. J’ai alterné expériences entrepreneuriales et expériences dans l’industrie pharmaceutique et cosmétique avant d’aboutir à la création de Toxi Plan®.

Pendant mon diplôme d’ingénierie obtenu à l’Ecole Centrale de Lyon, j’ai été chimiste en développement de formulations galéniques dans une PME lyonnaise, Alaxia. Philippe Bordeau son Vice-Président m’a fait confiance pour développer un projet alors que j’étais débutant. Cette expérience a été une révélation puisqu’elle a confirmé mon envie d’entreprendre. J’ai donc commencé ma carrière d’entrepreneur en développant un emballage biodégradable qui n’a pas abouti faute de financement.

Ensuite, j’ai voulu être capable de vérifier que les produits chimiques inventés n’étaient pas toxiques pour la santé humaine et l’environnement, alors j’ai fait le Master 2 de toxicologie à Toulouse. Pendant ce master, j’ai travaillé sur les dossiers réglementaires en toxicologie, écotoxicologie et chimie au sein de Pierre Fabre Médicament à Gaillac.

A 27 ans, j’ai de nouveau souhaité créer mon entreprise en développant un principe actif pour le traitement des maladies infectieuses, à Clermont-Ferrand. Je n’ai pas pu poursuivre car les éventuels investisseurs soulignaient mon manque d’expérience, dans de grands groupes pharmaceutiques à l’international.

J’ai suivi ces conseils et j’ai donc acquis cette expérience au Canada où je me suis perfectionné en anglais pour le business, puis je suis revenu à Pierre Fabre Médicament et j’ai continué à Johnson & Johnson où j’ai géré 1600 projets en toxicologie, évaluation de la sécurité et vigilance de produits cosmétiques avec mon mentor Adama Traore. J’ai ensuite été recruté par Biorius pour développer une filiale toulousaine de conseil en réglementation cosmétique.

Le désir d’entreprendre étant toujours fort, je suis parti pour créer mon entreprise, Toxi Plan®.

Quel est le principal savoir-faire de Toxi Plan® ?

Toxi Plan® est spécialisée dans l’évaluation de la sécurité des produits cosmétiques et des dispositifs médicaux. Avec la nouvelle réglementation, il n’y a pas assez d’experts pour permettre aux fabricants de dispositifs de répondre aux exigences réglementaires. Toxi Plan® les accompagne dans ce processus.

Notre but est d’avoir des solutions à proposer au client même lorsque nous avons une alerte toxicologique sur un produit afin d’assurer la sécurité sans jamais bloquer le business de notre client. Nous anticipons le projet de chaque client, son cheminement. Avoir travaillé dans un grand groupe en suivant le produit de A à Z me permet d’avoir cette vision.

C’est comme ça que Toxi Plan® transforme 80% de ses devis en facture.

Vous proposez aussi une expertise en écotoxicologie, pouvez-vous nous en parler ?

L’écotoxicologie est l’étude de l’impact de l’activité humaine sur les êtres vivants des milieux aquatiques et terrestres.

Dans le règlement européen n°1223/2009 relatif aux produits cosmétiques, il n’y a pas d’allusion à l’écotoxicologie. Concernant les détergents, une optimisation de la réglementation européenne n°648/2004 devrait être mise en place pour l’écotoxicologie afin d’affiner l’évaluation des risques environnementaux. Enfin concernant les textiles, il n’y a aucune réglementation sur l’évaluation de la sécurité tant sur la santé humaine que sur l’environnement.

Ceux qui veulent fabriquer des produits sûrs/non-toxiques pour l’environnement ne savent donc pas comment faire. Chez Toxi Plan®, nous proposons des études pour connaitre l’impact des produits sur le milieu aquatique et trouver des alternatives pour limiter ces impacts. Nous avons créé notre logo environnemental « Toxi Safe® ».

Pouvez-vous nous parler de ce logo environnemental « Toxi Safe® » que vous avez créé et que vous délivrez ?

Je viens de Polynésie française et j’ai quitté mon île pour la première fois afin de venir étudier en France métropolitaine. Même à Tahiti ou c’est encore le paradis, l’impact de l’homme sur l’environnement se fait sentir et en une décennie j’ai vu les coraux mourir. J’ai donc voulu compléter l’offre de Toxi Plan® en développant l’écotoxicologie, que j’avais découvert dans le cadre du Master de toxicologie à Toulouse.

Aujourd’hui, Toxi Safe® évalue que les produits cosmétiques, les détergents et les relargables des textiles ne seront pas toxiques pour l’environnement lors de leur (bio)dégradation. Avec lui, nous voulons aider le plus grand nombre de marques à développer des produits non toxiques pour les écosystèmes.

Comment associer écologie et performance économique ?

Le business plan de Toxi Safe® est d’utiliser les autres activités réglementées de Toxi Plan® pour investir dans l’innovation et permettre le développement du logo.

Le modèle semble fonctionner puisque des start-up, PME et grands groupes nous font déjà confiance, certains pour des produits cosmétiques et d’autres pour des détergents. Les négociations ont été longues mais nous leur avons prouvé qu’il pouvait compter sur nous pour développer des produits non toxiques pour l’environnement sans les pénaliser économiquement. Nous sous-traitons les tests en écotoxicologie pour ne pas être juge et partie dans l’attribution du logo Toxi Safe®.

Nous avons créé une association en Polynésie Française, Tautira Reef, qui agit pour la restauration des récifs coralliens. Pour chaque produit étiqueté Toxi safe®, un corail est adopté et l’entreprise peut lui donner un nom. On a pu ainsi toucher des consommateurs qui nous demandent où acheter des produits Toxi safe®. C’est super car nous faisons du B to B mais le but ultime est de toucher le consommateur donc on se dit qu’on est sur la bonne voie !

Jusqu’à présent vous ne proposiez pas de prestations d’évaluation de la sécurité des médicaments, quelles en sont les raisons?

Nous n’avions pas d’assurance qui acceptait d’assurer la responsabilité civile de Toxi Plan® pour les médicaments et les dispositifs de classe 3. Mais à force de réseautage j’ai enfin trouvé un assureur. Nous allons pouvoir dès l’année prochaine proposer cette prestation. Notre grand compte cosmétique qui est aussi une entreprise pharmaceutique est partant pour faire évaluer ses futurs médicaments afin de les étiqueter Toxi Safe®.

Quels sont les leviers de développement de Toxi Plan® à court terme ?

Nous sommes en train de répondre à un appel d’offre du Green Deal européen sur l’environnement sans toxicité pour les produits chimiques et pharmaceutiques (effets cumulés). Le consortium que nous voulons mettre en place permettra d’avoir un budget pour mettre rapidement sur le marché européen de nouveaux produits labellisés Toxi Safe®. Pour Toxi Plan®, nous voulons recruter plus d’écotoxicologues, la création d’emplois étant aussi un des objectifs du Green Deal Européen.

Et à plus long terme ?

Je souhaiterai monter un laboratoire en Europe qui fabriquerait pour ses clients des formules clés en main non toxiques pour l’environnement avec le dossier réglementaire déjà prêt. Cela concernerait la cosmétique, les détergents et les textiles.

C’était une idée que nous avions eue en 2019 et nous avions évalué le coût pour démarrer à 100 000 euros. On avait pensé faire appel aux dispositifs JEI et CIR. Ce projet est pour le moment en attente car nous devons d’abord récolter les fonds pour investir.

La puissance de Toxi Plan® c’est que nous faisons aussi de la toxicologie humaine. Donc non seulement nous pouvons dire que la formule qui sera mise sur le marché n’est pas toxique pour l’environnement mais on peut aussi évaluer ses risques de toxicité pour la santé humaine. Nous pouvons attester que les matières premières utilisées sont conformes. Cela permet au client de repartir avec son dossier réglementaire tout prêt. Il n’a plus qu’à trouver son façonnier ou fabriquer lui-même.

Toxi Plan® va-t-il s’internationaliser ?

Oui, nous projetons d’ouvrir des agences dans d’autres pays européens et en Amérique du Nord. Nous avons des demandes de clients américains et canadiens mais nous ne pouvons aller sur ce marché pour le moment car il faut une responsabilité civile professionnelle aux Etats-Unis et au Canada.

Parlez-nous de votre business Model

J’avais souvent lu que les start-up faisaient des levées de fonds rapidement après leur création mais qu’une fois que l’argent s’épuisait, on se rendait compte que le business model n’était pas suffisamment solide et que l’entreprise ne générait pas assez d’argent pour fonctionner.

J’ai pris un pari risqué en tant qu’entrepreneur en ne demandant pas d’aides à la création. J’ai voulu tester mon business model dès le début, savoir si j’étais capable d’avoir des clients, de vendre mes produits avant d’aller chercher des fonds. Cela demande beaucoup de travail et de chance qu’elle soit provoquée ou non.

En quoi BIOMED Alliance vous a aidé dans le développement de votre entreprise ?

On peut dire que BIOMED Alliance fait partie de nos bonnes étoiles. Grâce à notre présence dans l’annuaire internet des membres, nous avons été contactés juste avant le confinement et avons conclu un de nos plus gros contrats dans les dispositifs médicaux. On a tous sauté de joie et mes salariés ont encadré ce contrat qui est toujours sur mon bureau !

Toxi Plan® est dans d’autres associations, peut-être plus « prestigieuses » mais il n’y a pas encore ce feeling que nous avons avec BMA. La pluridisciplinarité des membres, les ateliers que vous proposez et cet article qui permet de faire connaître Toxi Plan® nous aident à avancer. Mauru’uru Roa (merci beaucoup en tahitien) !

Quelle est la qualité majeure que vous avez développée dans votre parcours d’entrepreneur ?

Sans aucun doute la persévérance, il faut être patient et ne jamais renoncer.  J’ai tenté plusieurs fois d’entreprendre avant d’y parvenir avec réussite.

Quelle est la vôtre plus belle réussite à ce jour ?

C’est de concilier le business et ma passion pour la protection des écosystèmes aquatique et terrestres. Nous démontrons que l’écologie est rentable afin de répondre à une urgence climatique et écologique.

Aujourd’hui, nous sommes quatre chez Toxi Plan, moi-même, 2 toxicologues et une écotoxicologue. L’objectif est d’augmenter l’effectif dès l’année prochaine, notamment sur des postes de fonctions supports qui m’incombent à l’heure actuelle.

Claire Toutin, Biomed Alliance

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L’équipe de BMA souhaite remercier vivement Grégory Voisin pour le partage de ses expériences et la qualité des échanges lors de la préparation de cet article.

 Cet article est issu de propos libre récoltés lors d’un entretien, avec l’aimable autorisation de Monsieur Grégory VOISIN, Fondateur & Directeur de Toxi Plan.

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https://toxiplan.com/

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Cell-Easy annonce l’entrée au capital de Mérieux Equity Partners

Mérieux Equity Partners, IRDI Soridec Gestion et M Capital Partners entrent au capital de la société Cell-Easy, laboratoire pharmaceutique français spécialisé dans le développement et la production à façon de cellules souches, dans le cadre d’essais précliniques ou cliniques, en France et à l’international. L’opération capitalistique vise à accélérer la croissance de l’entreprise, en renforçant l’équipe managériale et sa présence commerciale sur les géographies clés.

Cell-Easy propose des prestations de développement et de fabrication à façon de lots précliniques ou cliniques (CDMO), grâce à un processus industriel et une expertise de production de cellules souches allogéniques d’origine adipeuse. L’unité de production de Cell-Easy, aux normes BPF (Bonnes Pratiques de Fabrication) et validée par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament), permet une mise à l’échelle évolutive et garantit un niveau de sécurité et de qualité optimal. Cell-Easy a pour objectif d’élargir sa plateforme industrielle afin de pouvoir répondre à la demande grandissante en cellules souches et plus généralement cellules thérapeutiques venant de sociétés de biotechnologies et pharmaceutiques ainsi que des centres de recherche clinique en milieu hospitalier.

Considéré initialement comme un simple organe de stockage dont l’excès de développement est cause d’obésité et de maladies métaboliques, le tissu adipeux est en fait un véritable tissu endocrine jouant un rôle essentiel dans de nombreux processus biologiques de l’organisme. De nombreux travaux de recherche ont mis en évidence que le tissu adipeux est une source abondante de cellules stromales mésenchymateuses, ayant des propriétés immunomodulatrices, anti-inflammatoires et également angiogéniques. Elles sont aussi capables d’aider à la réparation tissulaire, directement ou indirectement, en sécrétant des molécules ou en libérant des microvésicules.

Cell-Easy fournit un matériel cellulaire de qualité pharmaceutique à un coût abordable, afin de réaliser des essais cliniques de la Phase I à la Phase III. La société a déjà sécurisé des contrats avec des clients de premier plan en France et à l’international. Dans un contexte de forte demande, Mérieux Equity Partners compte accompagner l’entreprise et l’aider à étendre son offre de services en support à la mise en place de nouvelles approches en thérapie cellulaire, en Europe et à l’international.

« Nous souhaitons devenir le fournisseur de référence de grands laboratoires européens et internationaux mais aussi de jeunes entreprises innovantes, développant de nouvelles modalités de thérapies cellulaires. Au moment où l’industrie pharmaceutique redécouvre l’intérêt des cellules souches, cette augmentation de capital significative va nous permettre de mettre à l’échelle notre procédé de production pour la réalisation d’essais cliniques dès 2021. », indique Pierre Monsan, Directeur Général de Cell-Easy, Professeur émérite à l’INSA Toulouse, fondateur de TWB et de la Fédération Française des Biotechnologies.

« Le contexte exacerbé actuel révèle un défaut considérable en termes de capacités de production et d’accès aux patients pour des médicaments innovants. L’ouverture de notre bâtiment pharmaceutique et l’arrivée de Mérieux Equity Partners, M Capital Partners et IRDI Soridec Gestion permettent la réalisation de notre plan stratégique visant à devenir l’un des leaders européens en termes de capacité industrielle dédiée aux thérapies cellulaires », ajoute Guillaume Costecalde, Président et Fondateur de Cell-Easy®.

« Cet investissement dans Cell-Easy est la sixième prise de participation directe de notre nouveau fonds d’investissement OMX Europe Venture FPCI, lancé il y a un an. Nous avons été convaincus par la qualité de l’équipe et du potentiel commercial de Cell-Easy, qui bénéficie d’une expertise remarquable et d’un actif industriel de premier plan, sur un marché de la thérapie cellulaire en pleine expansion. » note Yoann Bonnamour, Chargé d’Affaires chez Mérieux Equity Partners.

propos de Cell-Easy – www.cell-easy.com

Fondée en 2015 en France, Cell-Easy est une CDMO, une société spécialisée dans les développements et productions à façon pour les cellules adhérentes et dont l’objectif est de permettre d’accéder facilement et rapidement à des solutions thérapeutiques allogéniques prêtes à injecter, pour des projets de développement de traitements cliniques.

A propos de Mérieux Equity Partners – www.merieux-partners.com

Dédiée au capital innovation et capital développement, Mérieux Equity Partners est une société de gestion enregistrée auprès de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), qui gère environ 670 millions d’actifs et mobilise actuellement une vingtaine de collaborateurs et business partenaires en Europe et en Amérique du Nord. Mérieux Equity Partners joue un rôle actif en tant qu’actionnaire de référence de sociétés à fort potentiel, en soutien aux entrepreneurs dans les domaines de la santé et de la nutrition. Les entreprises du portefeuille de participations bénéficient d’un accès privilégié au réseau industriel, scientifique et commercial de l’Institut Mérieux, dans le respect de la réglementation en vigueur.

Source : Communiqué de presse 08/12/2021, Merieux Equity Partners S.A.S

Contact–Merieux Equity Partners S.A.S.Valérie CALENDA–info@merieux-partners.com–Tel : +33 6 08 75 46 90

L’interview adhérent : Focus Ambiotis

Ce mois-ci nous vous proposons une interview à deux voix, celles de Marc Dubourdeau, Président d’Ambiotis, des Laboratoires Aloméa & de BIOMED Alliance Toulouse et Gérald Chêne, Responsable de laboratoire chez Ambiotis & Directeur général des Laboratoires Aloméa.

Ambiotis est la CRO mondiale spécialiste dans les mécanismes de résolution de la réponse inflammatoire.

Les Laboratoires Aloméa est une entreprise qui conçoit et vend des gélules de compléments alimentaires visant à favoriser ce mécanisme naturel de résolution.

Photographe : valentine Chapuis. Marc Dubourdeau (à gauche) et Gérald Chêne (à droite).

 

 

 

 

 

Quel est en quelques mots vos parcours professionnels ?

Gérald : J’ai effectué une thèse pour étudier les effets de différents acides gras polyinsaturés sur la libération de métabolites inflammatoires par les kératinocytes. J’ai longuement travaillé à étudier ces mécanismes cellulaires et j’ai beaucoup utilisé la chromatographie en couche mince. J’ai pu en mesurer son intérêt mais aussi ses limites.

Marc : Après une thèse en immunologie à L’Université Paul Sabatier à Toulouse, j’ai été recruté en tant que chercheur postdoctoral à l’Institut Pasteur de Paris pendant 3 ans.

En 2007, j’ai fait le choix de vivre mon envie d’entrepreneur. Je suis revenu à Toulouse et je me suis investi dans la création d’Ambiotis. Cette création est un cheminement personnel. Je portais cette création en moi depuis des années suite aux réflexions scientifiques que j’avais sur la résolution de l’inflammation. Cette réflexion initiée lors de ma thèse est issue des travaux de Charles Serhan à Harvard sur le rôle des médiateurs lipidiques dans la résolution de l’inflammation et des découvertes de Derek Gilroy sur la physiologie de la résolution à Londres, chez qui j’avais cherché à partir. Je me suis naturellement tourné vers Gérald à qui j’ai proposé de travailler avec moi en tant qu’expert de modèles cellulaires pour étudier les médiateurs lipidiques.

Quel est le cœur de métier d’Ambiotis ?

Marc : C’est la résolution de l’inflammation. Ce concept scientifique est une véritable révolution dans la compréhension que nous avons des mécanismes naturels dont dispose notre corps pour arrêter de façon active une inflammation. Notre idée n’est pas simplement de bloquer l’inflammation mais bien d’aider à la résoudre. Grâce à ce changement de paradigme, nous passons de la découverte d’inhibiteurs à celle d’activateurs, de la mise au point d’agonistes plutôt que d’antagonistes. A Ambiotis, mon équipe détermine ainsi les mécanismes résolutifs et inflammatoires développés par les cellules, les tissus et le corps tout entier et effectue ainsi la preuve de concept ou détermine le mécanisme d’action de composés développées par d’autres. Nos clients sont issus de l’industrie de la santé et sont donc des groupes pharmaceutiques, cosmétiques ou agro-alimentaires. Nous apportons la preuve expérimentale de l’efficacité biologique de leurs composés.

Pouvez-vous nous parler de votre actualité : les Laboratoires Aloméa et comment est né ce projet ?

Gérald : Les Laboratoires Aloméa sont dans nos têtes depuis 2014. Ils ont fait l’objet de nombreuses discussions entre Marc et moi pour arriver à un produit abouti. Nous avons travaillé avec des experts, confirmé avec une étude de faisabilité et avons finalement créé en février 2020 les Laboratoires Aloméa, avec une commercialisation des compléments alimentaires sur la résolution de l’inflammation à partir de septembre.

Au travers du travail réalisé chez Ambiotis, nous avons vu qu’il y avait une vraie possibilité d’apporter rapidement des solutions auprès de personnes qui souffrent d’inflammations variées et permettre d’améliorer la prise en charge de ces inflammations. Nous avons fait le choix de le faire sous la forme de compléments alimentaires et ainsi d’aider les gens à mieux vivre.

Quel est le savoir-faire spécifique d’Aloméa ?

Marc : Ce n’est pas qu’un savoir-faire, c’est avant tout une innovation de produit appelée le « complexe résolutif ». Le complexe résolutif est constitué d’un mélange d’Omega 3 de nouvelle génération spécifiquement sélectionnés et assemblés pour leur capacité à favoriser la production par notre corps des molécules de la résolution pour permettre au corps de se reprogrammer pour mieux lutter contre les inflammations. Cette innovation physiologique est contenue dans les capsules que nous commercialisons par internet.

Gérald : Nous allons chercher les meilleurs produits sans subir toutes les phases de tests qui sont celles des candidats médicaments, tout en cherchant des produits qui sont biologiquement actifs. Les matières premières sont achetées auprès de fournisseurs agréés pour les compléments alimentaires. Elles respectent l’environnement, au travers par exemple d’un label relié à la maîtrise des ressources naturelles. Nous travaillons avec des façonniers de produits pharmaceutiques afin d’avoir la sécurité nécessaire à un produit qui sera ingéré.

Quels sont vos clients ? Comment fonctionne votre site marchant en ligne et comment adaptez-vous le complexe résolutif à chaque client ?

Marc : Nous nous adressons directement aux consommateurs. Nos produits pré formulés ciblent les articulations, le cerveau et l’immunité. Mais nous proposons également des formulations personnalisées, avec un questionnaire en ligne qui nous permet de réaliser une complémentation spécifique en fonction du besoin et du mode de vie de notre client.

Gérald : Les compléments alimentaires sous forme de capsules et de gélules blistérisées sont recomposés par nos soins. Les compléments alimentaires contiennent toujours du complexe résolutif, base de notre innovation mais aussi des plantes qui vont apporter un effet synergique.

En 2021, le questionnaire pourra être complété par un test sanguin et permettre au client de suivre l’absorption des produits et la reprogrammation du corps grâce à un indice sanguin de résolution.

N’avez-vous pas peur que l’interface de vente uniquement par internet soit un frein à la confiance des clients envers vos produits ?

Marc : Non pas vraiment. Même si les gens peuvent s’imaginer qu’un produit vendu uniquement sur internet n’est pas sérieux, nous communiquons auprès de notre communauté que nos compléments alimentaires ont subi le même processus que ceux vendus en pharmacie. Ils sont d’ailleurs déclarés sur le site de la DGCCRF dédié aux compléments alimentaires appelé Téléicare et ont reçu par la même leur autorisation à être commercialisé. Nous avons aussi travaillé à un site expérientiel : grâce au questionnaire qui vous permet de faire le point sur votre besoin et votre mode de vie, nous vous proposons une synthèse sur ce que vous faites de bien et les points que vous pourriez améliorer quant à l’hygiène de vie. Attention, rien de culpabilisant ! Nos produits restent des compléments alimentaires et n’ont pas vocation à soigner ou le questionnaire à diagnostiquer. Nous pensons qu’internet est le meilleur moyen pour mettre en avant notre innovation et ses qualités, qui sont basés sur des preuves scientifiques. En pharmacie, nos produits auraient été noyés parmi d’autres et n’auraient pas pu être personnalisés.

Gérald : Notre souhait est d’améliorer encore l’expérience client : le consommateur doit se retrouver sur notre site comme s’il se retrouvait devant un praticien, en confiance, avec toutes les informations dont il a besoin, et ainsi effacer cette barrière entre le consommateur et nous.

Comment avez-vous prouvé l’efficacité du complexe résolutif ?

Gérald : Tout d’abord avec des tests in vitro sur les globules blancs et ensuite très rapidement par des tests de consommateurs. L’efficacité a été démontrée notamment sur des sportifs professionnels qui se blessent ou qui utilisent l’inflammation comme facteur de performance. Lorsqu’ils ont pris notre complexe résolutif ils ont eu des meilleures phases de récupération, de sensations ligamentaires et musculaires. Nous allons bientôt réaliser des études cliniques sur des sportifs professionnels afin de renforcer la preuve d’efficacité.

Quelle est la plus belle réussite de votre entreprenariat ?

Marc : C’est d’avoir constitué une équipe très forte autour de moi et de savoir que mes collaborateurs me font confiance et me suivent dans ce projet. Bien entendu c’est aussi de participer à la mission première que j’ai fixée à Ambiotis : aider à une meilleure prise en charge des personnes souffrant de pathologies inflammatoires. Cette mission participe à fédérer les efforts communs que nous faisons tous pour développer Ambiotis.

Même si en tant qu’entrepreneur je vise la réussite, il s’agit aussi de porter la responsabilité des personnes qui travaillent avec moi et de rendre l’entreprise pérenne pour ses collaborateurs.

Ambiotis est indépendante financièrement, structurée et stable et nous pouvons voir l’avenir de manière sereine. Mais demain, nous aurons peut-être besoin, pour mieux croître, de faire entrer des investisseurs. Une vision d’entrepreneur est de ne pas se donner de limites. Si les choses doivent arriver, je les vivrais de manière à ce qu’elles puissent se réaliser.

Quelles ont été ou sont les plus grandes difficultés auxquelles vous devez faire face en tant qu’entrepreneur ?

Marc : Le parcours d’entrepreneur est une embuche permanente.

Les entreprises de santé sont très règlementées et nécessitent des compétences particulières et pointues. A cela s’ajoutent des facteurs externes qui augmentent la pression tels que la recherche de locaux, de financements, les difficultés de recrutement dans une ville saturée par le trafic automobile, plus bien d’autres encore.

Le jeu politique n’est pas toujours porteur avec des intérêts qui nous dépassent. Une entreprise représentant 15 emplois n’est pas écoutée de la même manière qu’une entreprise de plusieurs milliers de personnes. Pourtant les petites entreprises représentent un vrai vivier de compétences, d’innovation, de projets de collaboration avec de grands instituts de recherche français et mondiaux. Ensemble ces entreprises représentent une masse critique et constituent une chaîne de valeur. C’est l’objet de tout mon engagement auprès de BIOMED Alliance, de fédérer les entreprises afin d’avoir plus de poids et que nos voix portent pour mieux être entendues et que nous soyons acteurs de notre propre développement.

Quels sont les éléments qui ont été facilitateurs au développement de vos entreprises ?

Marc : Premier élément, sans nul doute, l’incubateur Midi Pyrénées, devenu maintenant Nubbo. Ensuite, je dirais des rencontres car la création et le développement d’entreprises est une aventure humaine. Je pense en premier à d’autres entrepreneurs, de tous bords, et en particulier aux dirigeants d’Urosphere et de Flash Therapeutics. A un moment de notre développement, nous avions besoin de trouver des locaux spécialisés. Nous avons pu convaincre parce que nous étions ensembles. Ambiotis seul, malgré plus d’un million d’euros d’investissement sur plusieurs années, ne représentait à cette époque que 5 emplois. Cette synergie de trois entreprises nous a permis de peser plus lourd et donc de mieux mettre en avant notre potentiel.

D’autres rencontres m’ont permis de me structurer aussi. Ce sont celles que j’ai faites avec des scientifiques de grand renom. Je pense en particulier à Charles Serhan, Nathalie Vergnolle, Derek Gilroy ou Mauro Peretti. C’est aussi grâce à eux que j’ai pu trouver un écho dans ce que j’entreprenais.

Gérald : Nous sommes d’ailleurs très fiers et honorés que Charles et Nathalie aient accepté de rejoindre le Comité Scientifique des Laboratoires Aloméa.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs ?

Marc : Il faut avoir la hargne, c’est un parcours du combattant fait d’embuches successives et de joies soudaines.

Avec un recul de 14 ans pour Ambiotis, on peut se dire qu’on a de la chance de vivre, survivre même après une crise des subprimes en 2008, une crise financière mondiale en 2010 puis la crise de la covid-19 en 2020. La difficulté est double : survivre à un environnement local, où sont nos laboratoires et à un environnement international où sont nos clients, chacun éminemment complexe. Donc il faut vraiment avoir de l’envie.

Nous avons eu la chance que notre recherche puisse être reconnue très tôt par des leaders d’opinions. Cette reconnaissance scientifique est un point essentiel qui vous porte et vous redonne de l’énergie. Malheureusement elle est parfois plus difficile à obtenir en France qu’à l’étranger.

Je pense qu’il faut également s’ouvrir aux autres, ne pas hésiter à mobiliser ses réseaux, s’impliquer dans des associations afin de bénéficier du partage d’expérience. Je pense que BIOMED Alliance a joué un rôle central pour moi.

Quels impacts a eu la crise sanitaire de la covid-19 sur vos activités ?

Gérald : Concernant les activités d’Ambiotis, c’est la fermeture des plateaux techniques académiques due à la covid-19 qui a été très difficile à gérer pendant et après le confinement. Nous avons dû trouver d’autres partenaires afin d’assurer la continuité de nos activités durant cette période compliquée.

Quels enseignements tirez-vous de cette crise ?

Marc : Elle a mis en évidence que toutes les entreprises sont fragiles, y compris les géants comme Airbus. Il peut toujours y avoir un accident qui fait qu’à un moment donné même les plus grands vacillent. Oublier cela, c’est oublier qu’une entreprise a l’obligation de s’adapter à son environnement de manière permanente. 

C’est comme la théorie de la reine de pique dans Alice au pays des merveilles : Alice court avec la reine et le paysage ne bouge pas, pourquoi ? Parce qu’il avance en même temps que la reine et Alice. Si l’entreprise va plus vite que le paysage grâce à ses innovations, elle gagne en compétitivité et en parts de marché, mais si à un moment donné, le paysage va plus vite que l’entreprise cela veut dire que l’entreprise doit changer sa stratégie pour s’adapter!

Que feriez-vous différemment dans votre parcours d’entrepreneurs à postériori ?

Marc : Rien il me semble. C’est un apprentissage, non linéaire, et c’est cela qui est excitant. Par rapport à Ambiotis, je n’ai pas de regrets, je l’ai fait avec cœur et volonté.

Gérald : Je n’ai pas de regret mais des déceptions par rapport à l’environnement : nous avons eu le sentiment d’avoir peu de soutien de certaines personnes dans le milieu académique à nos débuts.

Quelle est la place des entreprises privées dans la recherche ?

Marc : Actuellement, notamment à Toulouse, nous avons une vraie opportunité d’avoir des entrepreneurs-chercheurs qui sont issus d’une formation universitaire poussée. En d’autres termes ces personnes sont connaisseuses des problématiques universitaires et entrepreneuriales, en particulier celles du financement de la recherche qu’il soit public ou privé. Il nous faut combattre à tout prix la vision qu’une entreprise fait une moins bonne recherche puisque basée sur un retour sur investissement et donc la notion de profit.

C’est pour cela qu’il faut travailler à introduire l’entreprise au sein de l’Université. La formation universitaire forme à la recherche pour la recherche et il est toujours important d’avoir une recherche fondamentale forte, qui crée de l’innovation. Cela n’est pas antinomique de la création d’entreprise ou de travail dans une entreprise de biotechnologie, bien au contraire. En effet, pour moi, le socle de valeur est commun : mettre sa recherche au service de la communauté par la découverte, le développement et la mise sur le marché de nouvelles thérapies, voilà ce qui anime à mon avis les chercheurs qu’ils soient en université ou en entreprise.

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Cet article est issu de propos libre récoltés lors d’un entretien, avec l’aimable autorisation de Messieurs Dubourdeau et Chêne.

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Ambiotis (https://www.ambiotis.com/) et les Laboratoires Aloméa (https://www.laboratoires-alomea.com/) sont situés à Toulouse.

Ambiotis emploie une quinzaine de personnes et Les Laboratoires Aloméa 3 personnes, les autres compétences étant apportés par des consultants, en tout une dizaine de personnes travaillent sur le projet.

Cell-Easy lancera le 1er essai clinique de cellules souches pour un traitement innovant de la maladie d’Alzheimer

Cell-easy est mis en avant ce mois-ci dans le Magazine Entreprise Occitanie dans le cadre de son annonce de lancement du 1er essai clinique de cellules souches pour un traitement innovant de la maladie d’Alzheimer en collaboration avec le CHU de Toulouse.

Grâce à son approche proposant de produire des cellules souches mésenchymateuses issues de cellules graisseuses de patients sans risque et de qualité de Bonnes Pratiques de Fabrication, Cell-Easy ouvre la voie des thérapies cellulaires à un coût abordable.

Lire l’article de presse.

Source : Entreprises Occitanie, octobre 2020